Plus de cinquante ans après sa mort, dans l’imaginaire historique québécois, Maurice Duplessis joue encore le rôle de repoussoir politique et moral. C’est contre la philosophie qu’on lui prête que s’est construit le Québec moderne, et plus encore, ce qu’on appelle le grand récit de la Révolution tranquille. Duplessis serait une figure absolument irrécupérable. Nul ne peut se réclamer de certaines parties de son héritage sans se voir disqualifié politiquement et transformé en réactionnaire infréquentable. D’ailleurs, encore aujourd’hui, pour discréditer certaines idées politiques, on les associe au fondateur de l’Union nationale. Et pourtant, Martin Lemay, ancien député péquiste de Sainte-Marie-Saint-Jacques, vient de transgresser ce tabou historico-politique en se portant, dans son dernier livre, À la défense de Maurice Duplessis (Québec-Amérique, 2016). Selon lui, Duplessis a été injustement diabolisé et nous devons redécouvrir son bilan et son héritage. Je le recevrai à La vie des idées. Notre mémoire du régime Duplessis est-elle déformée? Quelle était la nature du nationalisme du chef de l’Union nationale? Comment expliquer sa très mauvaise réputation depuis 50 ans? Était-elle méritée, et si oui, pourquoi? Avec lui, pour parler de ces questions, je recevrai aussi l’historienne Lucia Ferretti, professeure à l’Université du Québec à Trois-Rivières, qui a publié en 2010, en collaboration avec Xavier Gélinas, un ouvrage collectif ayant pour titre Duplessis, son milieu, son époque (Septentrion, 2010).