Les souverainistes ont longtemps cru qu’ils allaient dans le sens de l’histoire, et qu’il suffisait d’être patient pour atteindre l’indépendance du Québec. Un jour viendrait où le destin du Québec s’accomplirait et où son peuple se constituerait en État souverain. Cet optimisme est assez rare, aujourd’hui. Une question hante le mouvement national : et si l’indépendance avait échoué? Les intellectuels souverainistes multiplient les ouvrages pour comprendre ce qui ressemble de plus en plus à un échec, même s’ils ne parviennent pas à faire leur deuil, ou s’y refusent, tout simplement, car en politique, rien n’est jamais définitif, même si personne ne niera l’existence de tendances lourdes. Parmi ces intellectuels, Jacques Beauchemin et Christian Saint-Germain ont signé, ces derniers-temps, deux livres majeurs. Le premier, dans La souveraineté en héritage (Boréal, 2015), un ouvrage aussi poignant que mélancolique, médite sur le sens de l’inachèvement historique que représente l’avortement du projet d’indépendance. Le second, dans L’avenir du bluff québécois (Liber, 2015) se montre particulièrement incisif à l’endroit des élites souverainistes et du grand récit du Québec moderne qu’ils répètent sans cesse pour masquer aux Québécois la réalité de leur condition. Je les recevrai avec grand bonheur à La vie des idées pour une discussion franche et ouverte sur l’état de la question nationale québécoise. Où en sommes-nous? Que nous est-il permis d’espérer? Voilà deux questions, parmi d’autres, que je leur poserai.