Carl Bergeron est écrivain. Il vient de publier aux éditions du Boréal un livre absolument singulier, Voir le monde avec un chapeau, sous la forme d’un faux-journal, qui est une longue méditation sur la culture québécoise et peut-être surtout, sur sa part d’ombre. S’agit-il d’une culture qui libère et qui permet d’accéder pleinement à l’expérience humaine ou d’une culture dont on se libère? S’agit-il d’une culture qui peut alimenter une quête existentielle ou qui a tendance à l’étouffer? Ces questions sont bien étrangères au Québec contemporain, qui s’imagine absolument libéré, absolument moderne, absolument délivré de ses vieilles pathologies. Nous nous les poserons avec l’auteur ainsi qu’avec Bruno Lalonde qui, de sa librairie, Le livre voyageur, observe depuis plus de vingt ans les Québécois dans leur rapport au livre et à la culture. Je m’attends à un échange absolument fascinant entre ces deux esprits qui observent la culture québécoise loin de ses institutions les plus officielles et qui pourtant, ont plus à nous dire sur elle que plusieurs savants accrédités.